Pourquoi ?

Quand je rencontre une mère qui n’allaite pas, ou qui n’a pas essayé d’allaiter, la première question qui me monte aux lèvres, c’est « Pourquoi ? » Une question sans accusation, une question sincère, une question qui cherche à comprendre ce qui se cache derrière.

C’est la première question qui me vient à l’esprit, car c’est aussi celle que je me pose tous les jours : pourquoi t’allaites ? Pourquoi t’allaites encore ? Pourquoi tu causes allaitement, et pourquoi tu le soutiens ?
La vie d’une mère allaitante n’est pas jonchée de certitudes infaillibles ou de présomptions de perfection – loin de là.
Quand mon fils est tombé malade, à l’hôpital, la tentation de me dire « à quoi bon ? » m’a traversé l’esprit – même si j’aime croire que ma fièvre était la vraie responsable, et que mon lait a aidé à le soigner.
Quand je dois me lever à 4 heures du matin, harassée, la tentation de dire « non, ça suffit » frôle ma bouche – même si j’aime croire que ma fatigue parle pour moi, et que mon lait va l’aider à se rassurer.

Je me pose plein de questions autour de ce choix, mais jamais je ne doute fondamentalement de mon choix. Un sentiment étrange qui m’envahit, un sentiment de joie mêlée de fierté et d’amour. Un sentiment qui ne fait pas de moi une meilleure mère que ma voisine, mais un sentiment que j’aimerais tant savoir présent dans le coeur de toutes les mères. L’opposé de la culpabilité.

C’est très compliqué à expliquer, cette évidence d’allaiter. Je n’allaite pas pour garder la ligne, je n’allaite pas pour me protéger du cancer (même si c’est un bénéfice non négligeable dont je suis sûre, mon fils me remerciera dans quelques années), je n’allaite pas parce que c’est simple et pratique, je n’allaite pas pour avoir de gros seins ou parce que je refuse de laisser grandir mon enfant.

J’allaite parce que je refuse de nourrir l’être que j’ai mis au monde avec un substitut créé à l’origine à des fins médicales, j’allaite parce que ça fait partie de ma conception de la maternité, j’allaite comme un prolongement de ma grossesse, j’allaite car je refuse de choisir entre mes rôles de femme, mère et professionnelle, j’allaite parce qu’il aime nos tétées, et que je les aime aussi.

J’allaite toujours car je respecte le rythme de mon enfant et que, par chance et par efforts, notre mode de vie nous le permet.

J’allaite comme je respire, comme je l’aime, comme une évidence impossible à oublier. Je ne pense pas qu’à ça, je n’aime pas mon enfant que par mon sein, je suis fière et heureuse de le voir grandir et je sais que notre histoire d’allaitement s’arrêtera quand il le décidera. Je respecterai sa décision, mais ce sera la sienne.

Je ne propose pas le sein à tout bout de champ, mais mon enfant sait qu’il est là, caché, toujours à sa disposition s’il a faim, soif, peur, froid, mal, besoin ou juste envie. C’est aussi comme ça que je l’aide à construire sa confiance en lui, en moi, en le monde qui l’entoure.

J’allaite pour l’aider à devenir le meilleur de lui-même, j’allaite parce que je ne m’imagine pas accepter de faire moins que le mieux possible. Mon mieux possible.

Loin d’être parfaite, mais tendant toujours vers ce qu’il y a de mieux pour mon bébé, mon tout-petit, bientôt grand.

32 réponses à “Pourquoi ?

  1. Tu as trouvé les mots pour dire ce que je ressens et je pense beaucoup d’autre aussi ! Merci pour ce beau billet

    • J’allais dire exactement la même chose que toi Laure.
      Une collègue de mon mari à qui j’ai demandé ce fameux « pourquoi? » m’a répondu qu’une amie à elle n’avait pas réussi, alors qu’elle-même n’avait pas osé du coup…
      J’étais vraiment désolée pour elle, mais je n’ai rien dit. Je me suis dit qu’il n’y avait pas que les industriels pour flinguer l’allaitement, il y aussi ce vaste manque d’information des futures mamans, voire ce gouffre de désinformation…

  2. Bonjour! quel joli post!!!!!!!!! que j’aimerai etre comme toi! vivre cet allaitement! et bien moi je n’ai pas eu cette chance…de tres grosses douleurs m’ont poussé a arreter….pour moi ca ete une forme de depression moi qui mettait toute mon envie la dedans…j’ai du donné ces subsituts comme tu le dis si bien….j’ai qd meme trouvé celui ou il ya le moins de « saloperies! » ( palme coco et compagnies…) mais desfois je me dis … »comment aurais tu fais???? » j’admire les mamans comme toi…mais du coup tu sais j’envisage un troisieme bébéb mais avec deux allitement tenté et et ratés…et bien j’hesite a allaiter le troisieme…meme si l’ide de lui « fourguer  » un bibi a la mater me fend le coeur…..

    • Bonjour Sabrina,

      Il serait trop long ici de faire le tour pour savoir pourquoi tes deux allaitements se sont mals passés, mais sache que ce n’est pas de ta faute.

      Si tu souhaites un troisième enfant, essaye de trouver une consultante en lactation (qui normalement devrait trouver la cause des douleurs) ET une association d’aide à l’allaitement (qui pourra te soutenir et t’accompagner.), essaye de te documenter en lisant des livres qui pourront t’aider aussi.

      Courage

      • merci perlimpimpin!!! ca me fait chaud au cour!!! j’en ai meme failli pleurer…..merci encore merci!!!!! c’est fou comment on se culpabilise…..

    • comme Perlimpimpin je ne peux que te conseiller d’aller voir une consultante en lactation… et voir pour lui poser tes allaitements qui se sont ratés, qu’elle puisse peut être te rassurer sur ta capacité à allaiter, t’expliquer pourquoi aussi ça s’est passé de la sorte… souvent derrière un échec d’allaitement il y a de mauvais conseils, un mauvais soutien, une maman qui craque même si elle voulait sincèrement allaiter… et poser cette histoire et faire la paix avec toi même peut t’aider à repartir à 0 avec ce nouvel allaitement, tu peux te faire accompagner aux débuts, un peu comme remonter à vélo après plusieurs chutes. Au début on demande de l’aide pour tenir un peu le guidon, on accélère et petit à petit l’aide lache le guidon et à nous la liberté de rouler seule et sans peur !

  3. Magnifique texte !

    Je partage ton point de vue, je suis tellement heureuse ainsi que face aux mères non allaitantes je me dis : mince elles loupent quand meme quelque chose !

    Mais comme on dit il faut le vivre pour le croire 😉 (ou le voir… ce pourquoi j’ai décidé de ne jamais me cacher et de toujours montrer notre plaisir et les bénéfices qui en découlent face à l’allaitement ) !

  4. Je trouve très joli comment tu décris l’allaitement même si je fais partie de celles qui n’ont jamais allaiter, l’allaitement je trouve ça parfait et magnifique mais pour les autres lol Pour moi la question ne s’est même jamais posé, je le savais, je le sentais pas mais alors là pas du tout, pour moi c’était clair et net dès le début de ma 1ere grossesse…je n’allaiterais pas. C’est comme ça, je ne sais même pas pourquoi mais je n’en avais pas envie, pourtant je trouve ça beau une mère qui allaite son enfant, mais MOI je ne me voyais pas allaiter aller chercher pourquoi. J’étais très bien avec cette décision et personne ne m’as jugé pour ça. Les mamans allaitantes parlent souvent de ce petit lien qui se créer au moment du boire de bébé entre elle et lui, vous en parlez comme qqu chose de merveilleux et d’unique…hé bien ce lien, ce moment de complicité je crois qu’il est aussi possible de l’avoir même en donnant le biberon, moi je l’avais avec mes 2 affreux, quand je leur donnais leur bib je ne regardais pas la télé ou autre, j’étais totalement à eux seul durant ce moment et mes enfants me regardaient avec leurs petits yeux plein d’amour et de curiosité comme je vois les bébés allaités le faire quand ils sont au sein de maman 😀 et j’ai crus voir ce petit lien aussi avec leur papa,qui lui aussi se dévouait entièrement à eux durant le biberon et même avec leur grand-maman et leur mémé (de qui nous sommes très proche, on habite avec ma g-mère et ma mère habite l’appart du haut lol) d’ailleurs ce sont les seuls reproches que j’ai eu face a mon non-allaitement:  » t’es pas jalouse justement que tes enfants créer un lien avec qqu’un d’autre que toi lors des boires? moi j’en serais incapable c’est MON moment avec bébé » hé bien non et je ne comprend pas qu’on puissent être jalouse de ça, j’aimais bien voir mes enfants être aussi complice avec ma mère,ma g-mère et mon homme…Par contre comment j’ai regretter de ne pas allaiter qqu jours après l’accouchement quand les montées de lait arrivent en force lol Bon sang ce que ça fait mal lol

    Bref en tant que non-allaitante j’ai adorer ton article!!!

    • j’ai eu 3 enfants, les 2 premiers je ne les ai pas allaité, par rapport à mon ex beau père ce n’était pas du tout possiblie il y avait un blocage car il voulait toujours toucher ma poitrine il était obsédé dessus, pourtant elle n’était pas du tout grosse. Donc pour moi je me suis braquée contre l’allaitement et puis personne autour de moi n’allaitait et surtout me vanté les mérites, j’ai divorcé puis remarié et j’ai eu un petit 3ème là pour moi c’était l’évidence même l’allaitement il n’y avait que ça. j’ai réussi, ça a été dure les premiers jours avec la montée de lait, la fatigue….. mais j’ai tenu bon et j’en suis très heureuse maintenant personne peut m’arrêter, il a 1 an et c’est toujours notre petit régal à tout les 2, mon échapatoire à tout les problèmes. Et je peux vous dire que je regrette énormément pour les 2 premiers, les ennuis de santé qu’ils ont eu, mon 2ème à 4mois ne voulait plus le bib de lait. Mais bon malheureusement on ne peut pas revenir en arrière. Mais surtout j’ai appris à essayer de ne pas culpabiliser, car ce n’est pas évident.

  5. C’est grâce à des billets comme celui-ci que je reprends foi en l’allaitement lorsque, parfois, la tentation d’abandonner surgit… Tu résumes à la perfection toutes les raisons pour lesquelles j’allaite, tu m’aides à me souvenir qu’abandonner serait une grossière erreur, et que poursuivre ne nous apporte que du bonheur… Ma poupée et moi te disons merci McMaman!!!

  6. J’aime beaucoup ce texte. J’ose espérer que tout le monde saura le lire comme je le lis et non comme un jugement. Parce que c’est pas un crime de juste se demander pourquoi…

  7. Tout est si vrai et bien écrit.
    J’ai eu une larme à l’oeil en lisant ce billet car je suis de plus en plus confrontée à des gens, des mamans qui ne comprennent pas mon choix d’allaiter ma fille de 10 mois ( et surtout quand on me demande jusque quand, ils sont frustrés de ne pas avoir de réponse!). Je dois me justifier d’avoir donner envie de ce qu’il y a de mieux à ma fille…
    Mais c’est vrai que parfois, quand il est 3h du matin……l’envie de donner un substitut me prend, mais ça ne dure jamais longtemps.
    Merci pour ce beau billet

  8. je n’ai pas encore d’enfants mais je suis sure d’une chose: je veux les allaiter et ce texte ne fait que renforcer mon choix et mon envie… j’ai juste hâte de tenir mon schtroumpf ou ma schtroumpfette contre moi et de lui donner le meilleur! merci pour ce beau billet!

  9. C’est très chouette ce que tu dis, et très bien expliqué. Moi qui n’ai pas réussis à donner le sein plus d’1 mois, çà me fait un pincement au coeur. J’essaye de compenser en faisant des câlins à ma fille, quand elle va pas, mais c’est pas comme donner le sein. Contrairement aux mamans qui savaient qu’elles ne voulaient pas allaiter, pour moi çà a toujours été une évidence, un truc normal, le truc qu’on fait quand on a un bébé. Je n’ai même pas pensé 5 mn que je n’y arriverais pas, j’ai pourtant pensé à pleins de choses filppantes, mais pas çà. Et çà a été violent.
    Je pense avoir un 2e bébé, et je recommencerais et j’ose espérer que çà marchera, et surtout, j’espère être plus en forme pour y arriver.

    • Llilpruneau,

      J’ai eu un parcours simmillaire que toi.
      Mon ainée (il y a un peu plus de 10 ans) l’allaitement n’a duré en tout et pour tout les 5 jours à la maternité. Les 3 équipes ont tout fait pour faire foirer.

      Mon deuxième (presque 9 ans, oh mince ça passe) l’allaitement a durer 5 mois (4 mois en exclusif, 1 mois en mixte bib) , merci les toubibs (3 en tout, j’ai le chiffre 3 qui n’est pas bon chez moi apparement 😀 ) pour soit disant me soigner une bronchite à la limite de la pneummonie (qui au passage, les médocs étaient complétement autorisés pendant l’allaitement)

      Mon troisième (presqeu 6 ans) l’allaitement a durer extremement longtemps: 4 ans, 7 mois et 3 semaines.

      Cela a marché car pour cet allaitement je me suis mangé des livres sur l’allaitement. Je suis allée aux réunions de La Leche League pendant plus de 2 ans. Et j’ai commencé à animer moi aussi des réunions d’allaitement.

      Donc pour bébé 2, s’entourer des bonnes personnes (asso, copines ayant allaité mais ayant les bonnes connaissances), lire sur le sujet … et se laisser aller.

  10. ton billet m’a beaucoup touché et je vais répondre à ta question du début pour mon cas… je n’ai pas donné le sein mais le biberon à cause des médicaments que j’ai pris pendant mes 2 grossesses. Les 2 passent dans le lait bien sûr mais l’un est « dangereux » pour le bébé. C’est interdit d’allaiter en le prenant. Et quand j’y pense, je culpabilise et regrette tellement de ne pas avoir pu le faire… J’ai toujours dit que si j’avais des enfants, je les allaiterais car pour moi, c’est tellement naturel et évident. C’est pour ça que ton billet m’a tellement touché. Si le petit troisième se décide à arriver, j’essaierai de tout faire pour enfin nourrir au sein mon bébé, c’est un manque, une envie, un besoin, mon plus grand souhait….

  11. Tout ça est tellement vrai!!! Bravo, tu as su écrire exactement ce pourquoi j’allaite et j’ai allaité longtemps! On m’a souvent demandé pourquoi j’allaitais encore et on me le demandera encore, et je n’arrivais pas à trouver les mots juste! Tu viens de le faire pour moi, et je n’en doute pas, pour beaucoup de mamans! Merci

  12. Voilà. Tu as su résumer les choses que j’aimerai répondre aux personnes qui me questionnent. La plupart soutiennent mon allaitement, qui n’est pas encore très long, à peine huit mois maintenant… On verra quand il sera plus grand! Je m’en suis posée tellement de fois des questions de ce genre, avec l’envie de laisser tomber, marre quoi… Mais en fait c’est pas possible d’arrêter comme ça. Pas possible d’oublier à quel point c’est magique comme guérit tout et comme moment… Bref, je vais pas répéter ce que tu as déjà dit hein!
    Merci, c’était chouette de te lire en tous cas!

  13. J’en ai les larmes aux yeux… Voilà ce que j’ai ressenti lorsque j’allaitais mon deuxième… J’aurais bien prolongé un peu plus cet échange d’une mère à son enfant, mais la pression de mon entourage, de mon mari, le regard des amis, même des puéricultrices, me mettaient à mal un peu plus à chaque fois… alors j’ai doucement sevré mon enfant à 17 mois et j’en ai ressenti un profond malaise… Ce n’est pas facile tous les jours de pouvoir assumer ses choix maternels, mais quand en plus même notre conjoint s’y met en nous rabâchant que ca suffit, qu’il est trop grand pour continuer de téter… Que cela me pourrie plus la vie qu’autre chose…
    Bref, magnifique texte plein de beauté, de sentiments d’amour…
    Bravo! Et j’admire ta pugnacité malgré les doutes qui peuvent surgir par moment! ^^

  14. superbe récit !! moi aussi jallaite et j’en suis fière !! jadore partager ce moment avec mon bébé et jespere tenir encore longtemps. en tout cas c pas moi qui veut arreter 🙂

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